Notre Auberge a une histoire longue et intéressante. Pour mieux la comprendre, vous devez en savoir un peu plus sur l’histoire de l’Acadie et de celle de Bouctouche. Nous nous trouvons au cœur d’un bout de pays où plus de 80% de la population est francophone. Le peuple acadien a une histoire incroyable à raconter, peu connue par le Canada anglais ou par le reste du monde. La plus ancienne présence française dans la région remonte à environ 1604. Entre six et dix mille acadiens ont étés forcément déportés en 1755. Il a fallu que l’américain H.W. Longfellow écrive le poème «Évangeline» pour que la fierté acadienne commence à se renouveler. Depuis la publication de cette œuvre reconnue à travers le monde, le peuple acadien s’est battu pour regagner sa langue, sa culture et sa fierté. Une attraction touristique locale appelée «Le Pays de La Sagouine», titre pris d’un livre d’Antonine Maillet, raconte l’histoire des acadiens à travers le théâtre et la chanson mieux que de simples mots ne pourront le faire: www.sagouine.com C’est LA chose à voir, aux alentours de Bouctouche. Mme. Maillet fait partie des anciens propriétaires de l’Auberge – nous en sommes très fiers.
Bouctouche
La plupart de l’histoire de Bouctouche peut être découverte dans le vieux cimetière, situé juste à côté de l’Auberge. Le nom «Bouctouche» vient du mot Micmac, qui aurait pu s’épeler «Chebooktoosk». Si on le traduit, il peut signifier soit un grand petit havre soit un sanctuaire. Le 15 mai 1786, quatre couples des familles LeBlanc, Breau, Bastarache et Girouard (des noms encore communs dans la région) se déplacèrent un peu plus loin sur la côte pour former une nouvelle colonie à Bouctouche même. En 1763, seules quatre ou cinq familles sont recensées comme habitants à l’emplacement de notre auberge, mais il y a eu plusieurs amérindiens qui y ont habité auparavant. Plus tard, la pointe sur laquelle se trouve l’auberge a été renommée La Pointe à Jaquot, pour Jacques Cormier, surnommé Jacquot, qui arrive à Bouctouche en 1790 et qui a donné les terres où se trouve maintenant le couvent et le presbytère ainsi que l’espace qui les sépare, à l’Église. En 1796, Bouctouche comptait environ onze familles, mais n’avait pas de prêtre ni d’église pour le petit peuple.
Père Michaud
Le Père Fançois-Xavier Michaud, prêtre paroissial à Bouctouche de 1876-1903 est un personnage très important dans l’histoire de notre Auberge. Il est arrivé à Bouctouche le 17 décembre 1876 et doit coucher chez un membre de la paroisse. Il s’est rendu à sa première messe en raquettes après une violente tempête pour trouver un grand total de dix hommes et une femme présents pour ladite messe. Il est difficile de dire ce qu’il a trouvé le moins encourageant : le nombre de gens présents, les conditions météorologiques ou le piètre état dans lequel se trouvaient l’église et le Presbytère. Il les a même décrits comme «assez abandonnés». Il s’est vite mis au travail. Père Michaud ne s’intéressait pas seulement à l’église et au presbytère puisqu’il travaillait non seulement comme prêtre mais aussi comme travailleur social. Il s’est donné comme but d’aider le village de Bouctouche de se développer tant du côté social et économique que du côté religieux et spirituel.
Même dans les années 1870, il a réalisé que le développement à long terme commençait par les filles et les jeunes femmes alors il a ouvert une maison d’éducation dans le nouveau Couvent de L’Immaculée Conception pour les filles qu’il a fait construire juste en face du Presbytère. La terre avait été donnée par Marguerite Michaud, qui devint plus tard la Sœur Marie Hélène. La direction de l’école a été confiée à la Mère Révérende Marie Frances qui, avec l’aide de la Mère Révérende Vincent a fondé l’Institut des Sœurs de la Charité à Saint-Jean en 1864. L’école du couvent était la seule école francophone de la région ouverte aux acadiens de 1880 jusqu’à 1968 quand elle fut fermée. Vous pouvez encore visiter le bâtiment de cette école : maintenant connue sous le nom du Musée de Kent, elle se trouve encore juste en face de l’Auberge.
Le Père Michaud a récolté de l’argent à travers la location de bancs d’église. Cette contribution est souvent donnée sous la forme de céréales. Un cyclone en 1878 a détruit 146 maisons, le couvent, le presbytère. Malheureusement, les granges qui contenaient touts les réserves de céréales furent emportées dans la Baie de Bouctouche. Une des phrases la plus souvent répétée dans l’histoire de l’Auberge est «tout fut emporté dans la mer». Le visiteur moderne aura parfois un aperçu de ces vents violents et destructeurs autour de l’Auberge. Père Michaud a aussi formé Les sociétés des Enfants de Marie et de Joseph, une ferme modèle, une usine de beurre et un magasin du village.
Les problèmes du Père Michaud étaient loin d’être finis. En 1886, un éclaire a frappé l’église et l’a complètement brûlée. Elle a été reconstruite seulement pour être ravagée par un feu le 18 décembre 1921. Cette photo a été prise en juin 1905, avant le feu. On peut apercevoir l’Auberge à l’extrême droite et le couvent à l’extrême gauche. Après cette perte, la paroisse a eu une décision difficile à prendre. Le couvent, l’église, le presbytère et le cimetière avaient étés le centre de la vie villageoise. Des membres décédés de la communauté se trouvaient dans le cimetière et plusieurs personnes ne voulaient pas les « abandonner ». D’autres contraient en disant que l’endroit était sujet à des conditions météorologiques trop violentes : venir aux messes devenait de plus en plus difficile. Les membres de la communauté finirent par prendre la décision très contestée de reconstruire l’église et le presbytère à un endroit plus calme au centre du village. La question qui se posait alors : que faire du «vieux» presbytère?
Auberge le Vieux Presbytère
Le feu qui a détruit l’église sur la Pointe à Jacquôt en 1921 a apporté plusieurs changements dans la région. Graduellement, les activités de la paroisse et du prêtre se déplacèrent et se centrèrent dans la ville. Le vieux presbytère avait besoin d’une nouvelle utilité. En juin 1929, deux retraites spirituelles y ont pris place, les deux premières à se dérouler dans le diocèse de Saint Jean. C’était une nouvelle idée. Les deux retraites furent prêchées par des prêtres Jésuites et étaient seulement ouvertes aux professionnels. Les retraies furent si bien réussies que Mgr Henri Cormier, le génie derrière l’idée des retraites spirituelles en Acadie et le prêtre paroissial Mgr Philippe Hébert, ont décidé qu’ils avaient besoin de plus d’espace pour lesdites retraites. En 1930, une aile mesurant presque 17 mètres de long a été ajoutée pour donner de la place à 28 participants pour les retraites. Un crucifix fut ajouté dans le jardin. Cette croix a été donnée gracieusement au nouveau cimetière de Bouctouche, inauguré en 2004. En 1944, une deuxième aile a été rajoutée avec une chapelle et une cafétéria. Tout le presbytère a été rénové et modernisé. Il y avait alors 43 chambres (de petites chambres de moines) de disponible et le Presbytère se mit à organiser des retraites spirituelles sérieusement.
Le 11 janvier 1948, La Villa St-Joseph a été inaugurée come La Maison de Retraites Fermées diocésaine. Entre 1948 et 1953, on nous raconte que plus de 12 000 personnes ont participé à de telles retraites à notre Auberge. En 1969, la demande pour de telles facilités diminuait rapidement et le diocèse a décidé de vendre le Vieux Presbytère. Notre Auberge fut alors convertie en Résidence pour les aînées et pour les jeunes en difficulté mentalement. Un système de prévention d’incendie et un ascenseur furent installés. Cette résidence continua à remplir sa mission, comme résidence privée de 1969 à 1978 puis comme une institution gouvernementale jusqu’en 1986. C’est alors que tous les objets de valeur furent enlevés, l’électricité et le chauffage furent éteints et pour les cinq ans qui ont suivi, le bâtiment fut abandonné. En 1991, un groupe de gens de la ville décidèrent que ce bâtiment avait une valeur patrimoniale et l’achetèrent. Avec l’aide financière gouvernementale et des ressources privées, des rénovations majeures ont été faites. Le 1er mai 1993, l’Auberge le Vieux Presbytere a eu son baptême en tant qu’Auberge. Parmi les personne distinguées ayant visité l’Auberge, on retrouve l’ex-Président français Jacques Chirac, le Gouverneur Général Roméo LeBlanc Michaëlle Jean, Antonine Maillet et l’ex-ambassadeur du Canada aux États-Unis, Frank McKenna.
L’Auberge a été vendue encore une fois en mai 2005 à Ann Vickers et Raymond Drennan qui ont fait de l’Auberge et de Bouctouche leur foyer.
L’Histoire s’écrit encore…
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